Les nourritures terrestres.

Les nourritures terrestres d'André Gide.



Contre l'enracinement d'un Maurice Barres, Gide développe une esthétique de l'évasion, de l'errance et du vagabondage. Ce livre a connu un succès très médiocre à sa première publication il ne parvient pas à trouver son public et seul une poignée d'élites déjà initiée lui porte attention. Cependant, lors de sa réedition, il touche une nouvelle frange de population, les édudiants, les voyageurs, ceux qui n'ont pas encore oublié comment rêver. Il devient, contre les intentions premières de l'auteur, leur petit manifeste de liberté.

On y trouve une espèce de dialogue imaginaire avec un interlocuteur imaginaire: Nathanaël à qui Ménalque, sorte de mentor à la façon des écoles grecques, se propose d'enseigner, d'apprendre à trouver un chemin de vie personnel. Apprendre à faire de sa vie une oeuvre d'art.

Gide déclare à propos des Nourritures Terrestres "Que mon livre t'enseigne à t'intéresser plus à toi qu'à lui-même, puis plus à tout le reste qu'à toi."

On trouve dans l'exergue du livre datant de sa première publication en 1897 ces phrases qui pourraient materialiser une certaine intention de l'auteur quant à la portée du livre:

"Et quand tu m'auras lu, jette ce livre - et sors. Je voudrais qu'il t'eût donné le désir de sortir - sortir de n'importe où, de te ville, de ta famille, de ta chambre, de ta pensée. N'emporte pas mon livre avec toi. Si j'étais Ménalque, pour te conduire j'aurais pris ta main droite, mais ta main gauche l'eût ignoré, et cette main serrée, au plus tôt je l'eusse lâchée, dès qu'on eût été loin des villes, et je t'eusse dit: oublie-moi."

J'aime bien le "seul une poignée d'élites déjà initiée lui porte attention". comme il sont pas beaucoup, ils préférent être une élite

le résumé ne donne pas envie, alors ça ne m'étonne pas qu'il péche a trouver son public. malgré tout, à l'occasion...

C'est moi qu'a fait le résumé, j'ai sûrement pas trouvé les mots pour te toucher mais VRAIMENT c'est un bouquin qui mérite attention. Je l'ai trouvé très bon. Et je pense que je m'en souviendrai pour longtemps.

J'aime pas trop parler d'élite mais je vois pas quoi dire à la place là. Oui il a été lu dans un premier temps par les élites littéraires de Paul Valéry jusqu'à Oscar Wilde et c'est dans ces populations qu'il trouve son succès et sa critique (par les mouvements nationalistes surtout).

Oui, mais le résumé ne me dit pas vraiment de quoi ça parle et en quoi il a de l'intéret ce bouquin. Il me dit juste que de grands érudits en on fait une bible. Mais bon, un bon auteur n'est pas toujours un bon lecteur, cela va sans dire.

Justement non, tu as mal compris, ce n'est pas les "érudits" qui en ont fait une Bible, mais la nouvelle frange de population atteinte à la réedition, des étudiants, des jeunes surtout qui rêvaient de liberté dans une société cloisonnée. D'ailleurs cette attitude va à l'encontre des visées de l'auteur qui propose de "jetter le livre" et de l'"oublier".

Sinon ce n'est pas du tout un livre linéaire avec une intrigue, des aventures et un fil du récit. Ce sont des remarques, des anecdotes empilées, des récits de voyage, des évasions etc. Il y a plusieurs thèmes superposés mais ils ne forment pas une continuité. Pour le cerner il faut le lire, et je ne pourrais pas t'aider davantage avec un simple résumé.

tu parlais de l'élite ? En cela j'entend les experts de littérature du moment, genre les écrivains. je ne mettrais pas des étudiants dans une quelcquonque Elite

C'est un livre avec des pensée philosophique en gros ?

Mais non relis le premier message.
Le premier public de la première édition était une élite.
Pour la seconde édition c'était des étudiants etc qui l'ont érigé en Bible.

Des pensées philosophiques oui si on veut. Ménalque, celui qui parle, est construit sur le modèle d'un mentor antique. Mais ce livre veut que chacun pense par lui-même sans s'appuyer sur lui. D'où l'idée de jeter le livre après l'avoir lu sans l'apporter là où on va et sans en faire une Bible.

Joyce a écrit:Mais non relis le premier message.
Le premier public de la première édition était une élite.
Pour la seconde édition c'était des étudiants etc qui l'ont érigé en Bible.

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah

Bref faut lire

Il est dans ma Wish-List ! je le veut je le veut !

Je l'ai commencé, et je le lis super lentement même si c'est dur d'en décrocher...je bois chaque mot et je prends le temps d'y réfléchir, c'est un livre fascinant.

c'est pas trop lourd comme type d'écriture ? Genre Jane Eyre, ou tolkien ?

Anagram_Underscore a écrit:Je l'ai commencé, et je le lis super lentement même si c'est dur d'en décrocher...je bois chaque mot et je prends le temps d'y réfléchir, c'est un livre fascinant.

Oui c'est exactement comme ça qu'il faut lire ce livre! Ne te presse pas, il faut le savourer. J'espère sincèrement qu'il te plairas, comme chacun sait c'est un livre qui m'a beaucoup apporté.

@Keir : rien à voir avec les deux auteurs que tu cites. Pour qualifier l'écriture je dirais qu'elle se place plutôt dans le sillage des précieux, elle est également très empreintes de lyrisme ce qui donne lieu à beaucoup de métaphores. Dans l'ensemble, lors d'une première lecture, j'ai appréhendé cette écriture comme étant très fluide et évanescente, un peu comme l'eau d'une source.

Ouep, il est vraiment pas indigeste, l'écriture est très belle je trouve. ^^