Les deux gredins

L'histoire:
Compère et Commère Gredin sont aussi laids et méchants que drôles. À travers une succession de courts tableaux, Roald Dahl propose aux enfants un univers totalement burlesque.

Compère Gredin ne se lave jamais. Sa berbe fourmille de restes de repas en tout genre et il adore faire tourner sa femme en bourrique. Commère Gredin, quant à elle, est absolument repoussante. Affublée d'un oeil de verre, les cheveux en pétard, c'est une véritable mégère.
Mais bientôt, ces deux énergumènes vont être piégés et payer leur méchanceté.

Pour les enfants, c'est un grand plaisir que de voir évoluer des êtes si répugnants. Les fous rires s'enchaînent à un rythme soutenu. Roald Dahl fait preuve d'une imagination débridée, et Quentin Blake, son illustrateur attitré, a pris une malice certaine à illustrer ce récit.



Extrait

Compère Gredin, lui, ne prenait même pas le temps d'ouvrir la bouche quand il mangeait. Et comme il ne se lavait jamais, les restes de ses repas se collaient à sa barbe. Soyons justes, il s'agissait de petits restes, car, en mangeant, il s'essuyait la barne du revers de la manche ou du plat de la main. Mais si l'on y regardait de plus près (ce qui n'avait rien d'agréable!) on découvrait de petites taches d'oeufs brouillés, d'épinards, de ketchup, de poisson, de hachis de foie de volaille. Bref, de toutes les choses dégoutantes que Comère Gredin aimait ingurgiter.
Si l'on s'approchait encore plus près (attention ! attention ! mesdames et messieurs, bouchez-vous le nez !) et si l'on examinait bien sa moustache en bataille, on apercevait des rogatons plus consistants qui avait échappé au revers de sa manche depuis des mois et des mois : du fromage vert grouillant de vers, un vieux cornflake moisi et même la queue visqueuse d'une sardine à l'huile.
Avec cette barbe dégoutante, Compère Gredin n'était jamais mort de faim. Il lui suffisait d'explorer sa jungle poilue d'un coup de langue pour trouver de quoi grignoter çà et là un morceau de choix.