La raison et la foi

Il s'agit de comparer et de confronter la raison et la croyance, afin de tenter de saisir leurs différences, leurs rapports (par exemple: indifférence mutuelle ou conflit, conflit définitif ou provisoire, "dépassement" de l'une par l'autre...), et cela de manière objective, juste, mesurée... autrement dit, en faisant appel à la raison. Car ce que nous allons chercher avant tout à formuler, à propos de la raison et de la croyance, ce n'est pas ce que nous en croyons, les uns ou les autres, mais ce que nous pouvons espérer en savoir.

C'est donc la raison qui peut et doit parler de la raison et de la croyance, ce qui semble être le signe d'un décalage initial entre les deux notions. Ce décalage semble placer la croyance, pour ainsi dire, en contrebas de la raison, en situation d'infériorité. Cette infériorité consisterait avant tout en ceci, que la raison permet de chercher et éventuellement d'atteindre le savoir et de discerner ce qui est réel, tandis que la croyance ne procure qu'une assurance subjective, dont le bien-fondé est le plus souvent invérifiable, portant sur des objets à l'existence douteuse.

La croyance serait par définition irrationnelle, et de surcroît, fort souvent déraisonnable : domaine sans loi où tout est possible, et dont les habitants semblent ne pouvoir être que des enfants ou des fous, l'univers de la croyance se distinguerait à son désavantage du monde de la raison, habité par des hommes adultes et lucides.
Mais la raison ne peut se contenter de traiter la croyance par le mépris. En effet, conformément à ses propres exigences, elle doit rendre raison de l'existence de la croyance, en proposer une explication. Pourquoi, depuis toujours, les hommes ont-ils des croyances, et pourquoi y tiennent-ils souvent comme à ce qu'il y a de plus précieux ? La réponse tentante et classique consiste à assigner la croyance au registre de la psychologie, de la subjectivité affective : les hommes ont besoin de croire pour se rassurer, ou pour se forger des armes de domination... Ils cherchent ainsi à compenser de façon imaginaire des déficits réels : déficit de connaissance, de force, de courage. Pourtant, cette explication est-elle la seule possible ? Est-elle pertinente pour tous les contenus de croyance ? Ou ne revient-elle pas à "mettre dans le même sac", sous le label de "croyances", des attitudes et des pensées fondamentalement différent ?

Oula l'intitulé est pas des plus simples que je connaisse.

Concernant raison et croyance, contairement à ce que l'on pourrait penser, j'imagine qu'ils sont intrinsèquement liés. Et davantage, ils s'impliquent naturellement. La croyance implique la raison en ce que l'on cherche toujours à savoir raisonnablement si notre croyance lui est conforme ou non et la raison implique la croyance en ce que l'on ne peut pas raisonnablement vivre sans croire.

Je pense que l'homme, si raisonable qu'il se proclame a toujours des croyances qui lui sont chères. Prenons l'exemple de Dieu, les marxistes, grands athées, ne croyaient pas en Dieu du fait du caractère irraisonnable de cette idée. Quelque part ils opposaient donc la raison à la croyance en donnant hégémonie à la dernière. Mais leur croyance si elle n'était pas en Dieu se matérialisait d'une façon différente. La Révolution a remplacé Dieu, les marxistes croyaient donc en la Révolution et tenir des propos anti-révolutionnaires relevaient pour eux du blasphème.

Je pense donc que l'homme, d'où qu'il vienne d'où qu'il aille est toujours un croyant. Et d'ailleurs, la croyance en elle-même n'est pas irrationnelle, si la raison ne valide pas par exemple la croyance en Dieu, elle n'est pas non plus capable de l'invalider. Le comportement athée est donc tout aussi irrationnel ou rationnel que le comportement croyant.

Et j'irai même plus loin, la raison pousse à la croyance. L'homme pour vivre a besoin d'un horizon, quel qu'il soit, pour diriger sa vie et la continuer qu'il soit ante ou post mortem.

Joyce a écrit:
Et j'irai même plus loin, la raison pousse à la croyance. L'homme pour vivre a besoin d'un horizon, quel qu'il soit, pour diriger sa vie et la continuer qu'il soit ante ou post mortem.

Je suis tout à fait d'accord avec le post de Joyce, et plus particulièrement avec cette phrase.

Je pense que la croyance n'est pas nécessairement la foi. Je vais prendre mon cas: je crois en la vie, en la nature, en la planète Terre et je me concocte ma propre croyance et mes propres rites, que je ne détaillerai pas car c'est trop personnel.

Pour moi, la croyance peut être un acte de raison. A une condition: qu'elle ne nous soit pas imposée, que ce soit une démarche réellement personnelle. Je pense par exemple qu'un musulman, chrétien etc qui agit par coutume parce qu'on l'a éduqué comme cela n'est pas croyant par raison. Mais je considère comme un être de raison tout être élevé dans l'athéisme qui va se tourner vers une croyance (religieuse ou non) pour se construire son propre chemin, tout comme est un être de raison toute personne élevée dans une religion et qui devient athée.

Vous semblez assimilé automatiquement la notion de foi a la religion. Je pense que la foi reste un mot et ce bien avant la notion de religion. Donc avoir foi en quelque chose, c'est croire en quelque chose. je ne vois pas en quoi on peut dissocier les deux.

Ce que je retire de ta réflexion c'est qu'on ne peut pas être dans la raison dés ses débuts la vie. on peut être éduqué par des parents très bien, dans une religion et avoir assez d'analyse et de philosophie pour rester dans cette religion sans qu'elle ne soit un carcan.